Le procès des Fleurs du Mal : l’art peut-il sublimer le laid ?

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Découvrez l’abonnement "Au Coeur de l'Histoire +" et accédez à des heures de programmes, des archives inédites, des épisodes en avant-première et une sélection d'épisodes sur des grandes thématiques. Profitez de cette offre sur Apple Podcasts dès aujourd’hui ! Charles Baudelaire est considéré comme un génie de la poésie. Mais il est incompris de ses contemporains à tel point qu’en 1857, le poète se retrouve devant la justice. On lui reproche d’atteindre à la morale publique et aux bonnes mœurs. C’est ce procès contre les 'Fleurs du Mal' de Charles Baudelaire que Virginie Girod vous raconte dans ce récit inédit d’Au cœur de l’Histoire. Charles Baudelaire est ce qu’on appelle un dandy : un homme élégant et désinvolte. Sauf en matière de littérature : cela fait quinze ans qu’il travaille sur ses poèmes. Il les retouche, les peaufine, les recompose sans jamais être satisfait. Deux mois après la signature du contrat d’édition, cinq pages seulement sont corrigées et prêtes à être imprimées. Il faut dire que le projet de Baudelaire est ambitieux : comme certains alchimistes prétendent transformer le plomb en or, il veut transformer la laideur du monde en beauté artistique. Rien n’est trop laid pour lui : il parle de mort, de sexe, de drogues, d’animaux en décomposition... Le 21 juin 1857, Les Fleurs du Mal, le premier recueil de Charles Baudelaire est enfin publié. A l’époque, c’est un inconnu. La crudité de ses textes heurte la sensibilité de certains lecteurs, et le poète s’attire les foudres des critiques qui le jugent sévèrement. Voilà ce qu’on écrit à son sujet dans le Figaro : « il y a des moments où on doute de l’état mental de M. Baudelaire, ; il y en a où on n’en doute plus ». Mais la publication des “Fleurs du mal” ne s’arrête pas à la querelle littéraire : les censeurs aussi froncent les sourcils. Ils conviennent que ces poèmes représentent 'un défi aux lois qui protègent la religion et la morale'. Les exemplaires du recueil sont saisis, treize poèmes sont retenus pour offense à la morale publique et aux bonnes mœurs, et offense à la moralité religieuse. Le procès s’ouvre le 20 août 1857, Maître Chaix d’Est-Ange, l’avocat de Baudelaire, fait face à Ernest Pinard, l’avocat général. Quelques mois plutôt, ce dernier menait déjà l’accusation contre Madame Bovary, de Flaubert. Un procès que Pinard a perdu. Cette fois-ci, l’issue est différente. Baudelaire doit s’acquitter de 300 francs d’amende, ses éditeurs de 100 francs. Et surtout, le recueil doit être expurgé de six de ses poèmes. Ils vont connaître une nouvelle vie sous le manteau. Si Baudelaire est catastrophé à l’idée de voir son œuvre tronquée, le procès des “Fleurs du Mal” fait au recueil une publicité qui contribue à son succès. En 1949, la chambre criminelle de la Cour de cassation rend un arrêt d’annulation du jugement. Baudelaire est mort depuis longtemps, suicidé dix ans après la parution de son chef-d'œuvre. Thèmes abordés : poésie, Baudelaire, Fleurs du mal, procès, censure 'Au cœur de l'histoire' est un podcast Europe 1 Studio- Présentation : Virginie Girod - Écriture : Sandrine Brugot- Production : Camille Bichler- Réalisation : Pierre Cazalot- Composition de la musique originale : Julien Tharaud- Rédaction et diffusion : Nathan Laporte- Communication : Kelly Decroix - Visuel : Sidonie Mangin

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