Mohamed Mbougar Sarr (3/3)

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Sa mémoire n’est plus un secret Bookmakers #20 - L’auteur du mois : Mohamed Mbougar SarrNé à Dakar en 1990, Mohamed Mbougar Sarr est devenu – en 2021 et à 31 ans – le premier écrivain d’Afrique subsaharienne consacré par le plus prestigieux des prix littéraires français, le Goncourt, pour « La plus secrète mémoire des hommes », enquête au long cours et labyrinthe narratif enivrant, inspiré par le destin tragique du Malien Yambo Ouologuem (éditions Jimsaan / Philippe Rey). Mais avant le succès, ce wonderboy des lettres africaines était déjà l’auteur de trois romans diablement maîtrisés, aux sujets casse-gueule : « Terre ceinte » (2015, sur les milices djihadistes), « Silence du chœur » (2017, sur l’accueil de 72 migrants en Sicile) et « De purs hommes » (2018, sur l’homophobie au Sénégal). Il vit et travaille aujourd'hui à Beauvais (Oise). En partenariat avec Babelio. Sa mémoire n’est plus un secret (3/3)« Je vais te donner un conseil : n’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou, si tu le fais, voici la seule réponse possible : rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant tout y est. » Dans « La plus secrète mémoire des hommes », un jeune écrivain sénégalais, Diégane Latyr Faye, « doctorant fainéant écrasé par ses modèles », découvre à Paris, à la faveur d’une rencontre érotique, un roman légendaire « qui tient de la cathédrale et de l’arène ». Ce livre dans le livre s’intitule « Le Labyrinthe de l’inhumain », signé dans les années 30 par l’énigmatique T. C. Elimane qui, vite épuisé par les scandales que son chef-d’œuvre suscite, choisit d’arrêter d’écrire puis de « s’enfoncer dans la nuit » en disparaissant, purement mais pas du tout simplement. D’Amsterdam à Buenos Aires, de Dakar à Saint-Germain-des-Prés, Diégane mène l’enquête – quitte à se perdre dans une toile d’araignée existentielle. À charge pour lui « d’élucider » le secret de la comète Elimane, accusé de plagiat. Conjointement publié à la rentrée 2021 par deux éditeurs indépendants, les Sénégalais de Jimsaan et le Français Philippe Rey, ce roman d’initiation de 500 pages rédigées sans plan, d’une originalité folle, héritier des dédales de Borges, Gombrowicz ou Bolaño (auquel il emprunte son titre), convoque plusieurs genres : « la geste griotique, le récit historique, le rapport ethnologique, mêlés dans un plaisir très gourmand de la narration ». Joyeux ou graves, pleins de mystique et d’ironie, les récits s’enchâssent, du journal intime aux articles universitaires, à coups de « frottements » ou de phrases qui courent parfois sur huit pages. Critiques et libraires sont unanimes. « La plus secrète mémoire des hommes » décroche le Goncourt et s’écoule à près de 500 000 exemplaires. Gloire à Mbougar Sarr, dont l’art paraît déjà si sûr. Dans ce troisième et dernier épisode, écoutons l’auteur raviver sa mémoire, lui pour qui l’écrivain « est un navigateur du Temps », lui qui semble bien là pour durer. Enregistrement : mai 22 - Texte, voix, entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Gloria Saltel, Clarisse Le Gardien - Production : ARTE Radio - Samuel Hirsch

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