Qu'est-ce que le « scandale des fiches » ?
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L'existence d'une police secrète n'est pas l'apanage des dictatures et des régimes totalitaires. Elle existe aussi en démocratie. Même la Suisse, berceau de la démocratie directe, en a possédé une.Son existence a été révélée par le "scandale des fiches". Dans l'immédiat après-guerre, et jusqu'à la fin des années 1980, environ 900 000 personnes ont été surveillées à leur insu, soit 15 % de la population.À vrai dire, un tel contrôle n'était pas nouveau. Durant près d'un siècle, de 1850 à 1945, certaines personnes, des étrangers et des apatrides, mais aussi des anarchistes ou des partisans des nazis, ont fait l'objet d'une surveillance. Et certains d'entre eux ont été expulsés du territoire helvétique.C'est dans le contexte de la guerre froide que la Suisse a organisé l'espionnage de ses citoyens. Marquée par la coupure du monde en deux camps antagonistes, cette période voit naître une véritable paranoïa dans l'esprit des dirigeants occidentaux.Par espions interposés, et par le biais de leurs affidés communistes, on ne doute pas que les Soviétiques vont prendre pied dans les démocraties de l'Ouest. D'où cette surveillance, par les autorités helvétiques, de toutes les personnes susceptibles d'appartenir au parti communiste, d'avoir des liens avec lui ou de manifester des sympathies pour son action.Ce contrôle de tous les instants aboutit à la rédaction de fiches, qui décrivent par le menu toutes les activités des personnes surveillées. Cette surveillance n'est pas exercée par une police secrète stricto sensu, mais par la police fédérale et les polices de cantons qui, en l'occurrence, en exercent les activités.L'existence de ces fiches est découverte par hasard, en 1989, à l'occasion de la réunion d'une commission d'enquête parlementaire, qui n'a rien à voir avec cette affaire.Elle provoque un choc dans l'opinion publique et un véritable scandale. À la suite de ces révélations, environ 300 000 personnes exigent de consulter leurs fiches, soit un tiers des individus concernés.L'ensemble des fiches a été remis aux archives fédérales suisses et les activités de la police fédérale sont désormais surveillées par des commissions issues du Parlement. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.