L’église de Beho: Le cheval du croisé

L'Heure H - Podcast tekijän mukaan RTBF - Maanantaisin

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Par une nuit froide d’hiver, dans la province du Luxembourg. À Beho plus qu’ailleurs, l’obscurité est pesante. Et annonciatrice de malheurs. Dans un calme plat, le curé du village, comme tous les habitants de sa paroisse, dort paisiblement. Lorsqu’on a la foi et qu’on est chargé de la propager à ses ouailles, le sommeil du juste et de l’apaisé est l’un des avantages de la fonction. Dans le presbytère, à l’écart de la grande et imposante église Saint-Pierre, la symphonie du silence règne en maîtresse absolue et incontestée… Quoi que… Ce n’est pas tout à fait vrai, en réalité. Les oreilles endormies des villageois et de leur messager de Dieu ne peuvent entendre l’imperceptible, qui guette derrière les branches dénudées et les murs de pierre. Beho est un village de sorcières. Et bien que l’Eglise croit les avoir éradiquées, leurs ricanements emplissent l’atmosphère et sont entendus des plus téméraires qui osent, parfois encore, braver la nuit et le froid. Ceux qui habitent là depuis longtemps sont bien plus pragmatiques. Ces histoires de sorcellerie et de maléfices, ils vivent avec depuis toujours. Bien souvent, les vieux du village racontaient ce qu’ils pensaient être des balivernes au coin du feu. Mais lorsqu’on vit à Beho plus de quelques années, on finit par croire à l’impensable. Ils sont rares, ceux qui prétendent avoir remarqué quelque chose d’étrange. Mais tous, ou presque, perçoivent cette atmosphère de noirceur et de terreur. Alors, durant les nuits d’hiver venteuses comme celle-ci, le plus simple est de fermer ses volets et de prier avant de dormir. Les voitures, éclairées par leurs grands phares jaunes, ne passent pas par le cœur du village. L’église est le capitaine de ce navire perturbé… Enfin, pas pour longtemps. Subitement tiré de son sommeil, le curé, alerté par un bruit suspect, se redresse droit comme un I dans son couchage. Les cloches sont en train de sonner. Toutes seules. L’homme d’église attrape péniblement ses lunettes qui se trouvent sur sa table de chevet en bois massif et tente de déchiffrer l’heure sur sa montre, qui figée, est posée sur le meuble. Il est minuit moins le quart. Mais qu’est-ce donc encore que cette diablerie ? Nous sommes le 15 février 1954, le vent s’infiltre et fait claquer les volets mal fermés de Beho. Il est un peu moins d’une heure du matin, et c’est l’heure H, de mon histoire. Merci pour votre écoute Retrouvez l'ensemble des épisodes de l'Heure H sur notre plateforme Auvio.be : https://auvio.rtbf.be/emission/22750 Et si vous avez apprécié ce podcast, n'hésitez pas à nous donner des étoiles ou des commentaires, cela nous aide à le faire connaître plus largement.

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