À la Une: le mouvement pro-palestinien accusé d'antisémitisme

Revue de presse des hebdomadaires français - Podcast tekijän mukaan RFI - Sunnuntaisin

Disons le d'emblée, le mouvement pro-palestinien ne trouve aucun soutien dans les hebdomadaires français. Il n'est même souvent jamais nommé. Ainsi, l'Express, parle « d'activisme anti-Israël », sous la photo d'étudiants de la Sorbonne à Paris, brandissant une banderole sur laquelle on peut lire : « Sionistes, hors de nos facs. »  Depuis le 7 octobre 2023, poursuit l'hebdomadaire, « l'activisme virulent et perturbateur prend une place grandissante, même s'il émane d'une infime minorité d'étudiants ». La charge est plus lourde dans le Point, dont l'éditorialiste Franz-Olivier Giesbert, estime que« ce sont des fascistes de gauche qui ont pris le pouvoir des deux côtés de l'Atlantique ». Et il s'en prend aux étudiants, « antisémites et ignares », qui, dit-il, « considèrent sans doute que la lecture d'un livre d'histoire est au-dessus de leurs forces. Sinon, ils sauraient que la politique suicidaire du Hamas est pour beaucoup dans l'actuelle tragédie palestinienne, et qu'Israël a toujours été une terre juive, bien avant la naissance de Mahomet ». Dans le Point encore, un article sur « l'honneur perdu de Sciences-Po Paris », dont la direction a accepté de dialoguer avec les étudiants, « plein de bons sentiments », ironise l'hebdomadaire, « et qu'on n'entend pas, bien sûr, réclamer la libération des otages, encore moins condamner ou regretter le pogrom du 7 octobre ». Dans un éditorial intitulé « La Fabrique des crétins étudiants », la directrice de la rédaction de Marianne, Natacha Polony, fustige « le simplisme de jeunes gens obsédés par la "domination", au point de glisser d'une défense légitime des droits des Palestiniens à une dénonciation plus que douteuse d'un supposé privilège d'Israël et, par un glissement plus douteux encore, une dénonciation des Juifs en général. Cela a, dit-elle quelque chose de consternant et, plus encore, d'effrayant ». Dans le Figaro Magazine, Guillaume Roquette, éditorialiste lui aussi, s'en prend également à Sciences Po, qui serait « infiltrée par les islamistes » et il fustige « une minorité d'étudiants pro-palestiniens fanatisés ».Apologie du terrorismeDe son côté, le Nouvel Obs a choisi de dialoguer avec un juriste du droit des libertés. Non pas pour parler du mouvement étudiant, mais des convocations devant la police de Mathilde Panot, députée de La France insoumise, et Rima Hassan, candidate insoumise aux élections européennes, et par ailleurs d'origine palestinienne. Toutes deux sont accusées « d'apologie du terrorisme », pour des propos jugés par certains trop cléments vis-à-vis du Hamas. Le Nouvel Obs a donc interviewé un juriste, Nicolas Hervieu, qui ne se prononce pas sur le cas particulier de Mathilde Panot et Rima Hassan, mais dégage une ligne générale. « Ce qui pose question, dit-il, c'est la définition et l'identification des propos "d'apologie du terrorisme". Elle doit être appréciée et analysée dans chaque affaire particulière, par un examen des mots proférés et du contexte dans lequel ils ont été prononcés. La véritable difficulté, ajoute-t-il, vient du fait que cet exercice de qualification doit se conjuguer avec le principe de la liberté d'expression. »BanalisationAujourd'hui en France Dimanche publie les résultats d'un sondage sur l'antisémitisme.« L'antisémitisme : une haine banalisée », titre le journal, pour qui « les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre et la riposte à Gaza, ont libéré une hostilité anti-juive nourrie de celle contre Israël. Ce fléau se répand dans les discours et les actes ». Que dit le sondage publié par Aujourd'hui en France Dimanche ? « Que 92% des juifs français ont le sentiment que l'antisémitisme est un "phénomène répandu", 94 % estiment qu'il est "en augmentation" ». Pour le journal, « l'antisémitisme se banalise et se camoufle derrière la haine d'Israël. Or, poursuit-il, "s'il est légitime d'interroger et de critiquer la politique israélienne, de dénoncer la tragédie vécue par la population civile de Gaza, il est insupportable de voir l'antisémitisme infuser les esprits. Les intellectuels et les étudiants en sciences politiques devraient comprendre qu'on ne joue pas avec le feu, quand les plus radicaux se réjouissent ».Enfin, la Tribune Dimanche publie une longue interview d'Emmanuel Macron, dans laquelle il est notamment question du Proche-Orient. Le journal a demandé au président, « s'il condamne le blocage d'établissements d'enseignement supérieur par des étudiants défendant la cause palestinienne ». Emmanuel Macron répond, qu'il le condamne, « avec la plus grande fermeté. Je suis pour qu'il y ait des débats, dit-il. C'est tout à fait légitime et même sain et rassurant que notre jeunesse puisse dire que l'actualité internationale la touche et qu'elle en débatte, mais intimer l'ordre à un établissement d'avoir telle ou telle politique par la force et le blocage, empêcher d'autres étudiants d'accéder à un amphithéâtre sous prétexte qu'ils sont juifs, ce n'est pas la République ». La Tribune Dimanche a aussi demandé à Emmanuel Macron si, de son point de vue, « ces étudiants étaient manipulés ». Réponse du président : « Ils sont politisés. Certaines formations comme la France insoumise ont considéré que c'était une manière pertinente de mener le combat. Il est simplement contreproductif et inacceptable qu'au nom de leurs combats, ils empêchent le débat », conclut Emmanuel Macron. 

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